Être libre en médecine vétérinaire, par Caroline Brookfield

Oxilia est fier de collaborer avec la Dre Caroline Brookfield, vétérinaire remplaçante depuis 21 ans, pour une série d’articles de blogue qui va servir à introduire aux professionnels de la santé animale certaines bases sur la vie de remplaçant ainsi qu’offrir une nouvelle perspective sur les possibilités d’une carrière en santé animale.

Toujours à la recherche de ce qui est en dehors de sa zone de confort, Dre Brookfield est une passionnée de la communication et a développé au fil des années de nombreuses compétences en médecine vétérinaire, en entreprenariat ainsi qu’en arts et communication. Dans cet article, découvrez son point de vue sur le remplacement vétérinaire, ce que ça implique et ce que veut dire, au fond, d’avoir un mode de vie de remplaçant. À tous les médecins vétérinaires et techniciens qui se demandent si la vie de remplaçant est pour eux, ce texte est pour vous !

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J’ai toujours eu tendance à vouloir rester occupée. L’une des raisons qui m’ont amenée à choisir une carrière en médecine vétérinaire est l’éventail de défis qui s’offraient à moi. J’ai débuté avec du travail à temps plein dans des cliniques. Mais je conservais un désir d’avoir plus de contrôle, moins d’histoires, de pouvoir demander des vacances sans permission et profiter d’un horaire flexible. J’avais de la difficulté à être une employée, mais en même temps, je n’étais pas du tout intéressée à devenir propriétaire d’une clinique.

Après avoir quitté Guelph à ma graduation en 1997, j’ai déménagé en Floride pendant quelques années avant de partir pour un long voyage en sac à dos en Asie du Sud-Est. À mon retour, j’ai décidé de revenir à mon mode de vie canadien et de m’installer à Calgary. J’y avais déjà passé un été lors d’un stage au Zoo de Calgary, et j’avais adoré la ville, les montagnes et le climat sec. Mais avant tout, j’avais besoin d’argent rapidement. Après une période de six semaines à travailler en centre d’urgence en Floride à travailler presque tous les jours et fins de semaine (c’est ça la vie en urgence !), j’ai conduit jusqu’à Calgary, menée par une énergie optimiste un peu naïve. Sans emploi, plan et argent, je suis partie avec mes affaires dans mon pick-up avec mon chien dans la boîte, comme une chanson de country clichée.

Qu’on arrête le film. Léger problème. Pas capable de trouver d’emploi. J’étais sortie de l’école depuis quelques années, confiante de mes capacités de communication ainsi que celles en clinique. Je tombais sur quelques annonces, mais après quelques appels, je ne trouvais jamais ce qui me convenait. J’ai donc commencé à chercher du travail en tant que remplaçante, ou « locum », qui est le terme utilisé pour désigner un travailleur autonome qui remplace sur un poste permanent de vétérinaire (ou de technicien en santé animale) sur une période indéterminée. J’avais acquis un peu d’expérience en travail de remplacement en Floride, mais je ne savais pas du tout comment offrir mes propres services de remplaçante, et étant fraîchement débarquée à Calgary, je n’avais pas beaucoup de contacts. À l’époque, il n’y avait aucun réseau social ou communauté en ligne disponible pour faciliter le réseautage comme c’est le cas de nos jours. Je me suis donc rendue à l’association vétérinaire locale pour rencontrer d’autres remplaçants et parler aux cliniques, leur laissant savoir que j’étais disponible. Après quelques mois, j’ai amassé une banque de contacts qui au fil d’un an, était capable de me tenir pleinement occupée. Peu de temps après, on réservait mes services à Calgary un an à l’avance ! J’ai même réussi à réserver un poste de remplacement pendant 2 mois à Saïpan, dans les îles Mariannes du Nord. Honnêtement, je n’avais aucune idée où Saïpan était lorsque j’ai postulé.

J’étais assez nerveuse de débuter une carrière en tant que travailleuse autonome. Je ne me considère pas comme une personne très organisée, et la gestion des finances me stressait un peu, surtout les taxes et assurances. Mais voir des propriétaires de cliniques dans ma communauté m’a donné confiance. S’ils pouvaient partir en affaires, eh bien moi aussi ! Je me souviens de m’être assise pour comparer mon travail de remplaçante avec les coûts associés (permis, assurance, soins de santé) avec un poste d’employée à temps plein permanent. Ça s’équivalait, curieusement ! Ce qui a vraiment fait la différence pour moi, c’est que j’adorais la vie de remplaçante. L’une de mes premières valeurs dans la vie est la liberté, alors travailler en remplacement me permettait de prendre les rênes de mon horaire, sans avoir à passer par aucun patron pour une demande de congé. Un bénéfice de ce choix qui m’a surpris est de pouvoir se retirer de tout conflit d’employés et de toutes les histoires. Je n’avais pas réalisé à quel point les relations entre collègues peuvent parfois peser lourd sur la conscience lorsque celles-ci sont malsaines et passives-agressives. Avec le temps, ça affectait ma motivation. J’ai tellement appris en travaillant dans de nombreuses cliniques, et j’ai découvert des trucs très pratiques pour améliorer la qualité de mon travail.

Au début, j’ai commencé avec un emploi à temps partiel comme base pour mon revenu, tout en complétant avec du travail de remplaçante. Beaucoup de remplaçants débutent de cette façon, qui leur donne un avant-goût du mode de vie, sans que les enjeux soient trop élevés.

Il est important de bien respecter les critères du Gouvernement du Canada en matière de travail autonome.  Si vous trouvez un emploi à long terme dans une clinique, vous devriez vérifier avec votre comptable d’abord ce qui est mieux entre un statut d’employé ou celui de travailleur autonome.

Pensez à cette flexibilité d’horaire. Réservez-vous un mois pour votre propre développement – voyagez aux îles Fidji pour faire du bénévolat à une clinique de stérilisation, en vous prenant une semaine de vacances à la plage à la fin. Soyez en congé pendant l’été pour être avec vos enfants, ou plutôt les hivers pour partir dans un endroit chaud. Prenez quelques jours de congé pendant la semaine pour avoir des tarifs avantageux et moins de temps de file aux pentes de ski, ou bien pour éviter les bains de foules à la plage. L’intérêt envers les heures flexibles et les emplois à temps partiel est en hausse, ce qui fait en sorte que bien des cliniques recherchent activement des remplaçants pour leur donner un coup de main temporaire.

Il y en a des défis à être remplaçant, par contre. La flexibilité est requise, en plus d’avoir une attitude facile à vivre. Vous aurez du succès en clinique si vous vous voyez comme une ressource pour l’équipe de la clinique, le propriétaire et les clients. Ça peut demander un certain temps d’adaptation, mais si vous n’hésitez pas à poser des questions, que vous laissez votre ego à l’entrée et que le service que vous offrez est ce qui vous importe, le reste sera facile. La plupart des conflits surviennent en raison de problèmes de communication. Faire une liste de conditions et prérequis avec votre clinique est un incontournable. Par exemple, si vous refusez de faire certaines opérations, comme le dégriffage—assurez-vous que ce soit inscrit dans un document vous accompagnant lors de votre arrivée ou dans une liste pour que vous en discutiez avec la clinique. Traitent-t-ils les animaux exotiques ? Qu’arrive-t-il si vous restez plus tard que prévu ou si vous manquez une pause dîner ? Établir une communication claire est un élément majeur. Certains remplaçants offrent d’aller visiter une clinique au préalable de prendre un engagement sur papier.

Et maintenant, l’information moins palpitante (heureusement, c’est facile). Vous devez être organisé. Contrats, taxes, livre des comptes à jour, journaux de bord pour kilométrage et dépenses sont des points primaires. Un outil comme Oxilia peut vous aider au niveau du marketing, à trouver des entreprises, des contrats et à garder le fil des revenus.

Si vous considérez le mode de vie de remplaçant, voici quelques suggestions :

#1. Conservez votre emploi actuel et commencez à prendre des quarts de travail supplémentaires ici et là. Vous développerez tranquillement une capacité à prendre de plus longs quarts de travail. Créez la vie que VOUS voulez vivre—être un remplaçant peut être à la hauteur de votre imagination—ça ne doit pas être du tout ou rien.

#2. Appelez le service de support aux petites entreprises de votre région, comme celui en Alberta, ou commencez avec le site du Gouvernement du Canada. Vous n’avez pas à tout apprendre vous-mêmes—il y a tellement d’organisations et de ressources pour vous aider à partir en affaires. C’est définitivement beaucoup plus facile que de couper les griffes d’un bébé chien ! Beaucoup de gens le font à tous les jours, même le vendeur de hot-dogs au parc le fait !

#3. Contactez une agence de remplacement. L’outil web qu’est Oxilia peut vous fournir des trucs, ressources ainsi que du support pour s’assurer que votre transition se fasse sans embûches.

#4. Contactez les cliniques de manière stratégique, selon les critères que vous avez (AAHA, félins seulement, etc.). Le réseautage est utile mais peut parfois demander beaucoup d’énergie, alors allez voir dans les annonces classées qui recherchent des remplaçants afin d’éviter de perdre votre temps.

#5. Faites la connaissance d’autres remplaçants—demandez-leur quels systèmes ils utilisent, échangez vos références et créez-vous un réseau pour échanger vos idées.

#6. Assurez-vous que si vous travaillez comme remplaçant, qu’un contrat en bonne et due forme est signé. Par exemple, Oxilia génère automatiquement un contrat intégré pour vous, ce qui est assez pratique. C’est une étape cruciale !

#7. La technologie, ressource infinie—des applications comme Mile IQ, Waveaccounting.com et tant d’autres peuvent vous aider à gérer vos finances pour que vous ayez plus de temps pour sauver la vie des animaux.

Après 21 ans, je peux confirmer que j’adore toujours travailler comme remplaçante vétérinaire. Je trouve ça assez récompensant de pouvoir offrir un service qui permet à mes collègues de prendre congé pour se reposer ou pour des urgences, tout en supportant le mode de vie qui me rejoint le plus. La richesse de l’expérience, des relations et du réseautage en tant que remplaçante est unique. J’ai acquis tellement de nouvelles compétences, et la variété des contrats que j’ai eu n’est qu’un résultat de la diversité des gens que j’ai rencontré dans le cadre de ma carrière de travailleuse autonome.

Grâce à ce mode de vie, je me dirige en Nouvelle-Zélande avec ma famille pour un mariage en Décembre. Qui peut partir en Nouvelle-Zélande pendant quelques semaines ? Je pars clairement pour un mois, avec un arrêt d’une semaine à Tahiti au retour. Essayez de demander à votre patron pour ce genre de vacances, je vous mets au défi !

 

Caroline Brookfield s’applique à motiver les professionnels d’aujourd’hui à dépasser leurs limites en s’éloignant des modes de pensées conventionnels. Médecin vétérinaire, entrepreneure, humoriste en herbe et mère, elle vit en Alberta dans la ville de Calgary. Trouvez-la sur Instagram (@artfulscience) ou sur son site Internet au www.carolinebrookfield.com.