Protégez-vous des flambées de salaire!

À moins que vous ne viviez dans une zone sans Internet, vous avez sûrement entendu parler de la pénurie de personnel qualifié. Notre profession traverse cette crise, comme plusieurs autres domaines.

C’est pratiquement le plein emploi, et comme nous vivons une croissance économique, les gens sont plus enclins à investir dans les frais médicaux pour leurs animaux. Ça, c’est la bonne nouvelle!

La moins bonne, c’est que la loi de l’offre et la demande s’applique aux employés et employeurs; on constate que le facteur limitant n’est plus de trouver des clients, mais plutôt des employés pour dispenser les services.

« Beau problème », diront certains. Si vous êtes un propriétaire d’établissement vétérinaire, voyez votre équipe s’épuiser et tentez désespérément de recruter une TSA et un ou une vétérinaire, la réalité est un peu moins rose.

Le processus de recruter semble désormais inversé; certains gestionnaires ont l’impression qu’ils se « font passer » en entrevue plutôt que le contraire. Certaines TSA finissantes ont rapporté avoir 2 à 3 offres d’emploi sans même avoir fait de recherche.

Qu’arrive-t-il aux salaires? Ils augmentent plus rapidement que l’inflation. Vous vous retrouvez donc devant une personne candidate qui vous demande sensiblement le même taux horaire que votre TSA la plus senior. Que faire?

LA RÉMUNÉRATION GLOBALE : GAGNER LES GUERRES DE CHIFFRES

Vous sentez que si vous laissez passer cette personne, votre équipe s’écroulera sous les tâches? La perle espérée se présente, mais demande un salaire démesuré? N’embarquez pas dans la guerre des taux horaires, parce que les comparer entre employeurs sans avoir l’heure juste sur l’ensemble des avantages sociaux, cela revient à comparer des pommes et des oranges.

La rémunération globale d’un employé se veut un exercice où l’employeur estime la valeur de tous les avantages sociaux dont jouit son personnel et l’ajoute au salaire pour arriver à un montant total. Chaque employé apprécie alors les avantages qu’il tient sinon pour acquis.

Considérant que cette pratique est peu répandue en médecine vétérinaire, une personne candidate verra en votre rémunération globale un montant plus alléchant. Parallèlement, cet exercice vous permet d’expliquer les valeurs et la mission de l’entreprise. On l’entend depuis plus d’une décennie : les millénariaux ont besoin de sentir qu’ils contribuent à un projet porteur.

Donc si votre établissement offre un budget de formation continue et une certification à ses employés ou un taux horaire bonifié aux TSA qui ont une certification, la personne candidate peut déduire que vous êtes un employeur qui mise sur les compétences de ses employés.

Si votre établissement contribue au régime volontaire d’épargne-retraite (RVER) des employés et offre des bonis à la performance, vous démontrez alors que votre vision du succès passe par la reconnaissance de la participation des employés à la vigueur économique.

Si votre établissement paie ses employés qui participent à des activités pro bono (ce ne sont pas toutes les pratiques qui paient ainsi leurs employés), vous indiquez que vous soutenez doublement des causes qui vous tiennent à cœur.

Si votre établissement propose des journées de maladie payées ou un plus grand nombre de semaines de vacances, le message est que vous valorisez la conciliation vie personnelle et travail. Il faut aussi le chiffrer.

Chaque avantage devrait être décortiqué et ajouté à la liste : l’achat d’uniformes, la cotisation de l’employeur aux assurances collectives, aux activités sociales, etc. Vos employés et candidats seront surpris de voir le montant total que vous investissez en eux. Ils auront aussi beaucoup plus de difficulté à comparer les offres. Et vous aurez eu par le fait même l’occasion d’exposer clairement votre vision d’entreprise.

S.O.S. : QUE FAIRE SI LA NÉGOCIATION EST DÉJÀ ENTAMÉE?

Vous n’avez pas le temps de comptabiliser la rémunération globale, et voilà que la personne candidate fait une contre-offre. Résistez à la tentation de lui donner un salaire similaire à celui de votre TSA senior en espérant que le tout restera secret. Vous risquez de perdre bien plus qu’une employée lorsque l’équipe découvrira le pot aux roses. Le sentiment d’injustice laisse un goût d’amertume. Essayez plutôt une autre tactique qui ne laisse pas de conséquence financière : le boni à la signature.

Le terme « boni » est en soi un peu risqué, parce qu’il est perçu comme un indicateur d’excellence. On peut plutôt utiliser un terme plus général comme incitateur ou mesure d’intégration. Des cas d’employeurs qui ont offert de payer un ensemble laveuse-sécheuse à un nouvel employé sont plutôt ingénieux.

L’avantage est que le salaire proposé demeure dans l’échelle salariale de l’entreprise et que le nouvel employé a l’impression de faire un gain substantiel immédiat. C’est un concept que Loto-Québec exploite à merveille avec les « gagnants à vie » : un moment forfaitaire inférieur immédiatement ou un moment plus élevé qui nécessite une attente.

Les années suivantes, ce gain ne se répétera pas. On doit aussi expliquer à l’équipe que cette mesure était nécessaire pour encourager la TSA (ou le ou la vétérinaire) à rallier vos rangs, sans quoi toute l’équipe aurait souffert. En toute transparence, l’équipe sera plus compréhensive.

La clé du succès lors d’une période de pénurie : soyez préparés et créatifs!

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